Je suis une enfant unique. Je n’ai jamais eu de frère, ni de sœur, et c’est très bien comme ça. Je ne voulais pas partager ma mère et c’est encore le cas aujourd’hui. J’ai beau être une adulte de vingt-huit ans ; depuis quelques jours ; j’ai toujours autant besoin d’elle. Surtout maintenant, alors que mon mariage approche à grand-pas. Maman m’a élevée toute seule et jusqu’à l’âge de douze ans, je ne savais rien de mon père. Juste l’essentiel, qu’il m’avait apparemment abandonnée avant même ma naissance. Je n’ai jamais posé de questions, ma mère me suffisait, je n’avais pas besoin de mon père. Il faut dire que j’ai mon caractère. Je suis le genre de personne qui obtient toujours ce qu’elle veut. Ce n’est pas forcément avec facilité à chaque fois, mais lorsque je veux quelque chose, je l’obtiens toujours, c’est un fait et il n’y a aucune raison pour que cela change un jour. A sept ans, j’ai voulu un lapin ? Je l’ai obtenu. Je voulais un téléphone hors de prix à dix ans ? Je l’ai obtenu. J’obtiens toujours ce que je veux, c’est un fait. J’avais douze ans depuis quelques jours et je ne me souciais de rien d’autre en dehors de l’entretiens de ma chevelure de feu quand cet homme est venu me trouver à a sortie du collège. Il disait être mon père et vouloir me connaitre. J’ai trouvé ça bizarre. Ne connaissant pas mon père, n’ayant même jamais vu la moindre photographie de lui, il pouvait me mentir, je n’en saurais rien. J’ai donc fait quelque chose de sensé ; pour une fois ; et je me suis sauvé. Je n’avais pas vraiment peur, mais j’étais contente de moi. Quand ma mère est rentrée du travail, plus d’une heure après, je riais encore de la surprise dans les yeux de l’homme, lorsque je m’étais sauvée sans rien répondre. Mais, il a bien fallu que je dise la vérité à ma mère et c’est ce que je fais. Je m’attendais à ce qu’elle me dise que j’avais eu raison de fuir, que cet homme mentait, que si je n’avais pas réagi comme je l’ai fait, il y a fort à parier qu’il m’aurait enlevée ; j’ai beaucoup d’imagination ; au lieu de ça, son visage c’est décomposé et elle est devenue blême. Elle a marmonné quelque chose comme « il m’a retrouvé »et elle a ensuite jeter dans un sac tous les vêtements dont nous aurions besoin.

Et trente minutes plus tard, avec deux sacs pleins à rebord et la cage du lapin dans la voiture, nous avons mis les voiles. Je n’ai jamais revue le petit appartement ou j’ai fait mes premiers pas, ni même le collège ou j’allais. Maman a attendu que nous soyons suffisamment loin de la maison pour me dire que mon père l’avait brutalisée pendant des années et qu’elle s’était enfuie après avoir découvert qu’elle était enceinte de moi. Il avait donc mis presque treize années à la retrouver, mais il avait fini par y arriver. Elle savait depuis toujours qu’il y parviendrait et que le jour où il y parviendrait, elle devrait s’enfuir. J’avais l’impression d’être dans un film d’action. Je n’avais sans doute pas conscience du danger qu’il représentait. Maman ne savait pas comment il avait découvert qu’il avait un enfant, sans doute qu’il l’avait retrouvée depuis des semaines et qu’il attendait le bon moment. Comme quoi, j’avais bel et bien eut raison de fuir. Je ne l’ai jamais revu. Soit, il nous cherche toujours, soit il a abandonné, mais je suis persuadé qu’il attend toujours son heure. Et je dois bien l’admettre, maintenant que j’ai vieillie, ça me fait peur.

Nous avons emménagé à Fairwalk après plusieurs jours de voyage. Nous avons traversé le pays en long, en large et en travers avant de nous poser dans cette ville. Pourquoi, je ne le sais pas vraiment. Maman a juste dit que c’était l’endroit idéal. Point. Elle m’a inscrit dans un nouveau collège et c’est là que j’ai fait la connaissance de celle qui deviendra bientôt ma femme. Beverly. Nous sommes devenues amies le jour où j’ai fait ma première rentrée dans ce collège. Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que nous devions les meilleures amies. Dans le fond, je crois qu’elle est la seule à avoir réussi à supporter mon côté peste. Je l’ai dit, je sais ce que je veux et je l’obtiens toujours. Je n’étais pas très bonne en classe, parce que j’en faisais le minimum. La fille qui payait les intellos pour qu’ils lui fassent ses devoirs, c’était moi. Et je sortais toujours avec les garçons les plus mignons, les plus riches et surtout les plus populaires pour pouvoir nous faire inviter dans les soirées. Ça a duré comme ça jusqu’à l’année de terminale. J’y ai fait la connaissance de James ; Beverly avait un petit ami depuis quelques mois. Il était à l’opposé même des garçons que je fréquentais habituellement. Un grand brun ténébreux à la peau pâle. Si j’avais cru un temps soit peut au surnaturel, j’aurais dit qu’il s’agissait d’un vampire, tant sa peau était claire. Mais, le surnaturel n’existe que dans la littérature. C’était juste un garçon au teins pâle, le genre de mec à cramer après trois minutes en pleins soleil. Et il était beau à tomber par terre. Pour la première fois de ma vie, je suis tombée amoureuse. Ses lunettes lui donnaient l’air du premier de la classe, mais je m’en fichais, c’était mon intello à moi. Je me voyais même finir ma vie avec lui, avec ma meilleure amie, on planifiait déjà nos futurs mariages. Elle serait ma demoiselle d’honneur, moi la sienne.

C’est au cours d’une soirée, le bal de l’automne ; ou j’ai d’ailleurs été élue reine ; que les choses ont dérapé. J’avais bu pas mal d’alcool, Beverly aussi et on a fini par couché ensembles. Le lendemain, nous étions toutes les deux très gênées de nous retrouver nues dans le même lit, d’autant plus qu’on avait quelques souvenirs de ce qui s’était passé. C’était flou, mais bien là et comment dit dire … étrange. Les semaines suivantes, nous étions un peu distantes l’une envers l’autre. Nous ne nous évitions pas, mais la gêne se faisait sentir et surtout, on évitait soigneusement de parler de ce qui s’était passé. Pourtant, je devais bien reconnaitre que quelque chose avait changer car je n’appréciais pas de la voir avec son petit ami. J’étais jalouse, ce qui n’avais jamais été le cas avant. Après tout, j’avais moi aussi un petit ami, donc quel intérêt j’aurais eu d’être jalouse ? Il m’a fallu plusieurs semaines de réflexions et de débats silencieux avec moi-même avant de me décider à enfin lui en parler. C’est là que j’ai compris qu’elle était dans le même état d’esprit elle aussi. Qu’elle se battait avec elle-même pour essayer de comprendre. En fait, ce qui s’était passé entre nous, même si ça n’était pas prévu, ça nous avait fait prendre conscience que les sentiments que nous éprouvions l’une pour l’autre, n’étaient pas qu’amicaux. Il y avait plus derrière. A partir de là, nous avons décidé de rompre avec nos petits amis respectifs pour vivre notre histoire. Grossière erreur. Ils n’ont pas accepté de se faire larguer pour ce genre de raisons. Être larguer parce que leur nana en aime un autre, ils auraient pu le comprendre, mais le fait que cet autre, soit en réalité une autre, ça n’était pas passé. On ne se faisait insultée dans les couloirs, nos deux casiers ont été méchamment tagué de « salles lesbiennes », bref, pas la joie. D’autant plus qu’on ne faisait de mal à personne et que nous n’étions pas les seuls élèves à être différents.

Les choses sont partis loin, très loin et quand James a voulu me forcer à faire certaines choses, je ne me suis pas laissée faire. Deux jours après, il portait encore les marques de ma gifle sur la joue au point qu’il est allé dire que j’étais comme mon taré de père ; parce que bien sûr j’avais eu la mauvaise idée de me confier à lui sur le sujet. Quand à Beverly, je ne sais pas exactement ce que son ex copain lui a fait, mais après ça, nous avons décidés de prendre nos distances. J’étais malheureuse. Je perdais à la fois ma meilleure amie et ma petite amie. Dur. Le lycée c’est terminé et nous sommes entrés en faculté. C’est un an après, que nous avons décidé de nous donner une seconde chance. Ça fait maintenant dix ans que nous sommes en couple et nous avons décidés de nous mariés, comme je le disais.

   

Je suis d'accord, les pigeons c'est horrible ! J'ai beaucoup aimé ton histoire et vivement ce mariage alors! Et j'apprécie beaucoup la relation que Sally-Ann a avec sa mère. Je ne mets pas plus de temps et je file te colorer .